Le produit intérieur brut (PIB) est depuis longtemps la référence pour mesurer les performances économiques d’un pays.
Depuis des décennies, les décideurs politiques, les analystes et les universitaires considèrent les chiffres du PIB comme un indicateur essentiel de la santé et de la prospérité économique. Cependant, l’examen des lacunes de cette mesure révèle une série de déficiences critiques.
Le PIB se dresse, jetant une longue ombre sur le paysage riche et nuancé du bien-être sociétal qu’il ne parvient pas à englober.
Le PIB isolé n’a qu’une valeur relative
Un nombre croissant d’économistes et de spécialistes des sciences sociales affirment que le PIB ne rend pas compte de la répartition des revenus ni de la durabilité de la croissance. Si le PIB peut grimper en flèche, les bénéfices s’accumulent souvent au profit de quelques privilégiés, laissant des pans entiers de la population à la traîne dans la stagnation économique. Dans le même temps, la recherche de la croissance du PIB peut conduire à des comportements destructeurs pour l’environnement, en pillant les ressources naturelles sans se soucier des conséquences à long terme. L’avènement du changement climatique et l’inégalité croissante des revenus ont rendu ces insuffisances plus flagrantes qu’elles ne l’ont jamais été dans notre histoire.
La création de mesures alternatives pour combler les lacunes du PIB
Cette prise de conscience a donné lieu à l’élaboration de mesures alternatives, dont l’indicateur de véritable progrès (IPV), qui ajuste le PIB en fonction de facteurs tels que la répartition des revenus, la dégradation de l’environnement et les transactions. non marchande. Les recherches montrent par exemple que si le PIB américain a augmenté régulièrement depuis les années 1950, l’IPV stagne depuis les années 1970, ce qui donne une image radicalement différente de la prospérité américaine. Cette divergence met en évidence les conséquences plus générales de l’assimilation de la croissance à un bien-être. Lisez la définition du produit intérieur brut .
Les chiffres mondiaux corroborent ce décalage entre le PIB et la santé de la société. Selon la Banque mondiale, alors que le PIB mondial a été multiplié par cinq au cours des 50 dernières années, les mesures du bonheur mondial et de la satisfaction de la vie n’ont pas pas suivi.
Le PIB peut-être néfaste au bien-être de l’homme
Les systèmes économiques qui s’appuient uniquement sur les principes d’avancement du PIB soutiennent involontairement des activités préjudiciables au bien-être humain. Prenons l’exemple ironique des catastrophes naturelles qui contribuent positivement au PIB grâce aux efforts de reconstruction, sans tenir compte des souffrances et des pertes endurées par les communautés touchées. Ce que nous mesurons informe ce que nous faisons : par conséquent, si nous mesurons la mauvaise chose, nous ferons la mauvaise chose.
Le PIB n’est qu’un outil, pas une fin en soi
Au milieu de ces conversations, certains défendent le PIB, arguant qu’il n’a jamais été conçu pour être un indicateur global de la prospérité, mais simplement un outil de mesure de l’activité du marché. Ils affirment que l’élargissement de son champ d’application pourrait diluer son efficacité et le surcharger de jugements subjectifs. Pourtant, la disparité entre les données et l’expérience vécue exige un cadre global pour comprendre la réussite économique, un cadre qui reconnaisse la valeur inhérente des facteurs qui vont au-delà de la simple activité du marché.
L’éducation, la santé et le social ne sont pas pris en compte dans le PIB
L’éducation, élément essentiel de la croissance et du bien-être à long terme, n’est pas prise en compte dans les mesures traditionnelles du PIB. De même, les résultats en matière de santé, la cohésion sociale et l’engagement civique, ingrédients essentiels d’une société prospère, sont négligés. Au fur et à mesure que les pays évoluent, l’inadéquation du PIB en tant que mesure unique de la prospérité devient non seulement un oubli économique, mais aussi un défi sociétal qui met en péril le développement futur.
Le secteur des soins de santé offre un exemple poignant de cette dichotomie. Les pays dont le PIB est élevé dépensent souvent davantage en services de santé, ce qui gonfle les chiffres du PIB. Toutefois, ces dépenses ne tiennent pas compte des résultats réels en matière de santé ou de l’accès équitable aux soins médicaux. En effet, un système de soins de santé qui engendre des coûts massifs en raison de son inefficacité ou de prix gonflés pourrait paradoxalement signaler la « prospérité » en fonction du PIB, tout en paralysant les citoyens avec des factures astronomiques et une qualité de traitement inégale. .
Le secteur informel est ignoré dans le calcul du PIB
Les complications inhérentes au modèle du PIB sont également illustrées par l’économie informelle. Les pays dotés d’un secteur informel important peuvent afficher des chiffres de PIB inférieurs, car ces transactions échappent aux méthodes comptables traditionnelles. Néanmoins, ces économies sont parfois des réservoirs dynamiques d’entreprises et d’ingéniosité qui assurent les communautés et les moyens de subsistance. Ignorer ces dimensions de l’activité économique empêche de mieux comprendre la vitalité d’une nation et la résilience de ses habitants.
Les services numériques sont difficiles à comptabiliser
En élargissant notre regard, nous pouvons considérer l’essor des services numériques – des contributeurs précieux à la vie moderne qui échappent souvent à l’évaluation économique conventionnelle. Des logiciels libres aux ressources éducatives en ligne, l’économie numérique imprègne certains aspects de la société contemporaine, mais sa valeur n’est que partiellement prise en compte dans les statistiques du PIB. Les économies de la connaissance, avec leur mélange puissant d’innovation et d’intellect, illustrent un domaine dans lequel les limites du PIB sont particulièrement marquées.
Le PIB et le développement durable
Le débat sur la pertinence du PIB en tant que mesure de la prospérité est loin d’être purement académique. Il a des implications concrètes sur la manière dont les nations hiérarchisent leurs politiques, allouent leurs ressources et excluent le succès. L’adoption par les Nations Unies des objectifs de développement durable témoigne de l’élargissement de la définition de ce qui constitue un véritable progrès, en mettant l’accent sur le partenariat, la paix et la justice, parallèlement à la croissance économique. Cette approche holistique marque un changement vital en reconnaissant que les chiffres et les feuilles de calcul ne révèlent qu’une fraction de l’histoire du progrès humain et de la richesse sociétale.
Conclusion
Alors que la quête d’une représentation plus précise de la prospérité se poursuit, les récits économiques s’efforcent d’intégrer les actifs intangibles. La reconnaissance des efforts axés sur la communauté, qu’il s’agisse des soins prodigués dans les foyers ou du travail bénévole qui resserre les liens au sein de la société, insiste sur la nécessité de reformuler la manière dont le succès est évalué et récompensé . Ces éléments forment le réseau de la sécurité sociale et du bien-être qui, bien que ne faisant pas l’objet de transactions monétaires, sont inestimables pour la richesse de la société.
Par essence, aller au-delà du PIB implique d’adopter une vision pluraliste de la définition de la richesse, du progrès et de la prospérité. Cultiver des mesures qui repoussent un spectre de bien-être humain et environnemental exige une coopération mondiale et du courage intellectuel, transcendant les doctrines économiques enracinées.